
Cameroun, Election présidentielle: issa Tchiroma 2025 : Ce que cache le programme du FSNC
Ancien ministre, cheminot de formation et président du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary se présente à la présidentielle du 12 octobre 2025 avec une ambition claire : conduire une transition politique apaisée, refonder les institutions et réconcilier les Camerounais autour d'un projet républicain.
Une ligne politique de rupture républicaine
Si nous étions dans le monde occidental, l'on pourrait classer Issa Tchiroma Bakary dans le courant républicain souverainiste à sensibilité sociale. Ce courant politique articule refondation institutionnelle, souveraineté nationale et justice sociale, dans une logique de transition démocratique encadrée. Il se distingue par sa volonté de réconcilier l'État avec les citoyens, en combinant rigueur républicaine et mesures sociales inclusives.
Issa Tchiroma ne revendique ni radicalité ni continuité. Il se positionne comme le candidat de la transition, porteur d'un mandat unique. Dans un paysage politique polarisé entre les partisans de la rupture radicale et les défenseurs du statu quo, il propose une voie médiane : celle d'une transition républicaine encadrée, portée par un mandat unique, limité dans le temps et orienté vers la refondation des institutions.
Il souhaite que l'on ne la voie, ni comme le prolongement du régime actuel, ni comme un adversaire frontal. Il revendique une position de médiateur historique, capable de :
• Refonder les institutions à travers une réforme constitutionnelle ouverte
• Organisateur des assises nationales inclusives, réunissant partis, syndicats, dirigeants religieux et société civile
• Préparer le transfert du pouvoir à une nouvelle génération, dans un esprit de transmission et de responsabilité
Son discours s'ancre dans une vision républicaine, où la souveraineté populaire, la justice sociale et la transparence sont les piliers d'un nouvel ordre politique.
Gouvernance et réforme institutionnelle
Le programme du FSNC propose une série de mesures pour restaurer la confiance citoyenne :
Dans son projet de transition républicaine, une réforme audacieuse de l’architecture gouvernementale : ramener le nombre de ministères à 20, contre une trentaine actuellement. Cette mesure vise à rationaliser les dépenses publiques, clarifier les responsabilités et restaurer la confiance citoyenne dans l’action de l’État.
Dans sa vision de transition républicaine, Issa Tchiroma Bakary place la réforme du code électoral au cœur de son projet politique. Il considère que la crédibilité des élections est la condition première de la confiance citoyenne. Son approche vise à simplifier, assainir et renforcer le système électoral camerounais à travers trois mesures phares.
• Une Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), inspirée des expériences sud-africaine, rwandaise et sénégalaise. Cette instance aurait pour mission de solder les contentieux historiques, restaurer la dignité des victimes et ouvrir un cycle de mémoire partagée, indispensable à la cohésion nationale.
Issa Tchiroma veut faire de l’État un outil de cohésion et de redevabilité, et non un instrument de rente ou de fragmentation.
Justice sociale et relance économique
Sur le plan social et économique, le candidat propose :
Issa Tchiroma Bakary place l’éducation au cœur du redressement national. Il propose une mesure forte : la gratuité totale de l’éducation jusqu’au niveau secondaire, accompagnée d’une revalorisation du statut des enseignants. Pour lui, l’école doit redevenir un droit, et l’enseignant une figure centrale du progrès social.
• Couverture santé universelle : garantir le droit à la santé, sans condition de revenu
Le FSNC propose une réforme majeure du système de santé : la mise en place d’une couverture santé universelle, accessible à tous les Camerounais, quels que soient leur statut social, leur âge ou leur lieu de résidence. Cette mesure serait financée par une taxe spécifique sur les grandes entreprises, dans une logique de justice fiscale et de solidarité nationale.
• La création de zones économiques spéciales (ZES) dans chaque région du Cameroun, comme levier de relance industrielle, d’innovation locale et de justice territoriale. Cette mesure vise à décloisonner l’économie nationale, stimuler les initiatives régionales et créer des pôles de compétitivité adaptés aux réalités locales.
• l'autonomisation économique des jeunes et des femmes au cœur de son projet social. Il propose une série de mesures concrètes pour briser les barrières d'accès au crédit, à la formation et à l'entrepreneuriat , dans une logique de justice économique et de transformation inclusive.
Son approche vise à réduire les inégalités territoriales et sociales, tout en relançant l'économie par les forces locales. Réconciliation nationale et mémoire collective. Reconnaissance des injustices historiques, y compris les violences post-indépendance et les crises récentes.
Gontran ELOUNDOU
Analyste politique
- Vues : 538