
Yaoundé : les taxis jaunes résistent, mais le digital avance.
Dans les rues animées de Yaoundé, une guerre feutrée se joue chaque jour : celle des taxis. Les jaunes, fiers et bruyants, croisent le fer avec les "clandos", les "opep" et désormais... les applications mobiles. Bienvenue dans l'arène urbaine du transport réalisé en 237.
Les taxis jaunes : les vétérans du bitume
Impossible de les évaluer. Avec leur carrosserie jaune soleil et leur klaxon parfois capricieux, les taxis classiques sont les rois historiques de la mobilité urbaine. Présents depuis les années 80, ils ont structuré le paysage du transport à Yaoundé, avec leurs trajets partagés, leurs arrêts improvisés et leurs chauffeurs au verbe haut. Mais derrière cette façade familiale, se cache une réalité plus complexe : vétusté des véhicules, tracasseries administratives, et concurrence de plus en plus féroce.
Les "clandos" et "opep" : les rebelles de l'asphalte
Les "clandos" – ces véhicules non homologués qui opèrent en toute discrétion – sont devenus une alternative populaire, surtout dans les quartiers périphériques. Moins chers, souvent plus flexibles, ils répondent à une demande que les taxis jaunes ne peuvent toujours satisfaire. Les "opep", eux, sont les cousins plus organisés : des motos-taxis ou véhicules privés qui se regroupent en réseaux informels. Leur force ? La rapidité, la connaissance du terrain et une capacité à s'adapter aux réalités locales sans attendre les réformes.
Le débarquement numérique : taxi 2.0
Depuis quelques années, une nouvelle vague bouscule le secteur : les services de taxi en ligne. Des applications comme Yango, Heetch ou des initiatives locales permettent désormais de commander un véhicule en quelques clics, avec géolocalisation, paiement mobile et notation du chauffeur. Ces plateformes séduisent une clientèle jeune, connectée, en quête de confort et de sécurité. Elles offrent aussi aux chauffeurs une nouvelle manière de travailler, plus encadrée et parfois plus louable.
Coexistence ou confrontation ?
À Yaoundé, ces trois mondes cohabitent tant bien que mal. Les taxis jaunes défendent leur territoire, les clandos jouent la carte de la proximité, et le digital trace sa route. Mais au fond, tous répondent à une même urgence : se déplacer dans une ville en pleine expansion, où les embouteillages rivalisent avec les imprévus du quotidien.
Et demain ?
La bataille des taxis est loin d'être terminée. Elle pourrait même devenir un laboratoire d'innovation urbaine, où tradition et modernité s'allient pour inventer une mobilité plus inclusive, plus verte, et plus connectée. Et si Yaoundé devenait le hub africain du transport hybride ? En tout cas, les moteurs tournent, les applications s'installent, et les klaxons chantent. À chacun son style, à chacun sa route.
Nanga Paul
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