Cameroun : Le prix du cacao chute encore, les producteurs inquiets.

Depuis le 14 novembre 2025, le marché du cacao au Cameroun connaît une secousse inattendue. À Douala, le prix du cacao est tombé à un niveau compris entre 2 300 et 2 400 FCFA le kilogramme, alors qu'il oscillait encore entre 2 809 et 3 009 FCFA dix jours plus tôt. Cette baisse brutale de 500 à 600 FCFA en si peu de temps constitue le plus marqué depuis le lancement de la campagne 2025–2026 et suscite de vives inquiétudes dans les rangs des producteurs.

La chute du prix du cacao ne se limite pas à une simple fluctuation conjoncturelle. Elle révèle la vulnérabilité structurelle d’une filière qui dépend fortement des cours portuaires internationaux. Les prix fixés à Douala influencent directement les prix bord champ, ce qui signifie que les producteurs, déjà confrontés à des coûts élevés de production et à des marges réduites, subissent immédiatement la pression de cette dégringolade. Pour de nombreux exploitants, cette situation compromet la rentabilité de la campagne et accentue les difficultés économiques dans les zones rurales.

Au-delà des chiffres, cette baisse interroge sur la capacité du Cameroun à protéger ses producteurs face aux aléas du marché mondial. La filière cacao, pilier de l'agriculture camerounaise, reste un moteur essentiel des exportations et de la croissance économique. Pourtant, sans mécanismes de régulation efficaces ni politiques de soutien renforcés, les producteurs restent exposés aux variations imprévisibles du cours. La question de la diversification économique et de la transformation locale du cacao apparaît plus que jamais urgente pour réduire cette dépendance aux fluctuations portuaires.

L'impact de cette chute dépasse le seul cadre agricole. Il touche les finances publiques, les communautés rurales et l'ensemble de la chaîne de valeur du cacao. Dans un contexte où le Cameroun cherche à consolider sa croissance économique et à renforcer ses finances publiques, la fragilité de ce secteur stratégique rappelle l'importance d'une vision à long terme. La valorisation locale, l'innovation dans la transformation et l'ouverture de nouveaux marchés pourraient constituer des pistes pour redonner la confiance aux producteurs et stabiliser la filière.

La chute du prix du cacao en novembre 2025 restera comme un signal d'alerte. Elle a mis en lumière les défis d'une économie encore dépendante des matières premières et souligne la nécessité de repenser les stratégies agricoles et commerciales. Pour les producteurs camerounais, l'avenir de la filière dépendra de la capacité du pays à transformer cette crise en opportunité et à inscrire le cacao dans une dynamique de développement durable.

Nanga Paul