LE FRANC CFA, SYMBOLE DE L’IMPERIALISME MONETAIRE ET FINANCIER.

On le voudrait même qu’on ne pourrait pas nommer autrement le scandale de la servitude monétaire dans laquelle sont enfermés 14 pays d’AFRIQUE francophones de la zone franc.

Il faut préciser que le FCFA a été initialement crée en 1939, juste avant la 2nde guerre. Le FCFA naîtra officiellement le 26 décembre 1945 (la même année que la fin de la guerre), jour où la France ratifie les Accords de Brettons Wood et procède à sa première déclaration de parité au Fonds Monétaire International.  Il s’agit bien d’un scandale qui se déroule sous les regards hagards des peuples, les yeux ahuris de nombre d’observateurs et la complicité de la communauté financière internationale. Scandale dans le cadre des Accords de coopération économique et financière entre La France, victorieuse avec les Alliés de la seconde guerre mondiale (sept 39 à septembre 45) et les pays sous la domination coloniale. Espace que l’on désigne par le pré carré français.

 Soucieuse de garder son leadership post colonial, la France maintient sa domination sur les obligés d’hier par tous les moyens politiques et économiques susceptibles de contribuer à son rayonnement comme puissance mondiale. Les stratèges français trouveront un subterfuge à travers la création du Franc CFA : la raison officielle de sa création est la facilitation des échanges monétaires. Dans les faits, c’est un mécanisme qui fait main basse sur les devises des 14 pays, membres de la zone Franc, en contrepartie de la production de papier (CFA) , servant d’instrument de change pour les économies domestiques.

Certains parmi les moins critiques ont parlé d‘imposture pour décrire le mécanisme à la base de cet impérialisme financier français. Ce courant est d’ailleurs de plus en plus partagé par de nombreux observateurs, les intellectuelles ainsi qu’une bonne partie de l’opinion des pays concernés. 

COMMENT COMPRENDRE LA DUPERIE ?

 Les africains doivent savoir que le franc CFA n’est pas produit (battu )  par les gouvernements des pays qui l’utilisent. Cette monnaie est fabriquée à Chamalières en France, Région natale de l’ancien président français Giscard d’Estaing, près de Clermont Ferrant. Le mécanisme de la duperie est le suivant : lorsqu’ils effectuent des opérations de leur commerce extérieur, les pays de la zone franc « déposent » leurs devises « dans un compte d’opérations  » auprès du Trésor français. En contrepartie, la France leur donne des billets de CFA qu’elle fabrique d’ailleurs à vil prix. Ceci signifie simplement que c’est la France qui vend les produits des pays de la zone CFA.

DES POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ SANS FIN

Ceci explique pourquoi ces pays sont contraints, voire soumis à des politiques d’austérité sans fin ; leurs richesses étant vampirisées par la France depuis 80 ans . Les budgets nationaux s’en trouvent gravement affectés à la base, handicapés dans la partie recettes. L’on se livre donc à de véritables acrobaties pour boucler les budgets (dettes bilatérales et multilatérales, dettes intérieures à travers les emprunts obligataires, jongleries dans les règlements de diverses créances). Évidemment, les politiques publiques sont inefficientes et le niveau de vie des populations notamment leur accès aux services de base s’en ressent très fortement.

POURQUOI CET IMPERIALISME FINANCIER DE LA FRANCE SE POURSUIT –IL

Bien que la France a perdu sa souveraineté monétaire avec l’avènement de l’Euro, elle a cependant gardé une emprise très forte sur les économies de ces pays en continuant à battre monnaie en leur lieu et place. La garde des devises des ex-colonies grâce au mécanisme des comptes d’opérations lui permet d’équilibrer ses comptes. Il n’est pas exagéré de dire que l’Europe doit une grande partie de sa puissance à ce mécanisme, à travers des opérations du commerce extérieur transitant entièrement par le truchement de l’euro. Pourquoi cet impérialisme financier de la France se poursuit –il, malgré la disparition du Franc français auquel était rattaché le FCFA ? 

Logiquement, le FCFA aurait dû disparaître avec le Franc français. Il n’en a rien été. Tout simplement parce que le CFA est un outil d’ingérence et de domination. En acceptant de rallier la zone Euro, la France ne pouvait se départir de cet instrument qui lui assurait à la fois un équilibre économique, la qualité de puissance mondiale ainsi que la loyauté de ses obligés d’hier : ceux de l’Afrique noire francophone, membres de la zone Franc. Il y a donc eu des négociations avec l’Allemagne, l’autre locomotive de l’UE, pour qu’elle accepte cette arrière-cuisine de la France qui, il faut le souligner, fait sa force et alimente son aura, en tant que nation prospère. 

UN VRAI BRAQUAGE

Toutes les devises, provenant des exportations des pays de la zone franc (bois, cacao, café pétrole, etc.) pour lesquelles les producteurs africains s’échinent, sont déposées auprès du Trésor français, qui délivre en retour à ces pays-là « des bouts de papier : LE FCFA ».

Dans un débat récemment à une chaîne de télévision, un ancien conseiller financier français en Côte d’Ivoire dans les années 70, témoigne : « j’ai une idée de l’impérialisme financier et monétaire de la France   alors que je travaillais comme conseiller financier. Je me souviens qu’aucun document ou aucune décision ne pouvait passer sans l’avis d’un responsable français ».

Les africains dans ces zones se confinent dans des batailles tribales, des guerres civiles, se battant pour les miettes que la France veut bien leur laisser depuis 80 ans. Des pays sans politique monétaires peuvent-ils aller à la compétition mondiale ?

Joseph Marie ELOUNDOU

Journaliste Economique