Cameroun: Eto'o Fils Vs Mouelle Kombi, le combat continue
À quelques jours de l’Assemblée générale élective de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), un courrier officiel du Ministre des Sports et de l’Éducation Physique, Narcisse Mouelle Kombi, vient jeter un pavé dans la mare. Dans une lettre datée du 14 novembre 2025, le Ministre demande formellement le report du scrutin, dénonçant des irrégularités majeures dans le processus électoral. Une intervention qui relance les tensions entre l’État et la fédération, sur fond de lutte pour le contrôle du football camerounais.
Un courrier qui sonne comme une mise en garde
Le document, adressé au Président de la FECAFOOT, fait suite à une correspondance de la fédération datée du 13 novembre. Le Ministre y exprime de sérieuses réserves sur la légalité et la légitimité de l’Assemblée générale élective annoncée. Il pointe notamment :
Une composition irrégulière du collège électoral
Selon le Ministre, plusieurs membres statutaires auraient été exclus du processus, en violation des textes de la FECAFOOT et de la CAF. Cette exclusion remet en cause la représentativité du scrutin et pourrait entacher sa validité.
Un manque de transparence dans la préparation
Le courrier dénonce une organisation opaque, sans publication claire des listes électorales, des critères de sélection ni des modalités de vote. Une opacité qui alimente les soupçons de verrouillage du processus.
Des risques de sanctions internationales
Le Ministre rappelle que la CAF et la FIFA exigent le respect strict des statuts et règlements. En cas de non-conformité, le Cameroun pourrait être exposé à des sanctions sportives, allant jusqu’à la suspension des compétitions internationales.
Une bataille de légitimité entre État et Fédération
Ce courrier illustre une tension structurelle entre deux pôles de pouvoir :
Le Ministère des Sports
Institution républicaine, garante de la régulation du sport au Cameroun. Il revendique un droit de regard sur les processus électoraux des fédérations, au nom de l’intérêt général et de la conformité aux lois nationales.
La FECAFOOT
Association sportive autonome, affiliée à la CAF et à la FIFA. Elle revendique son indépendance, protégée par les textes internationaux, et considère toute ingérence étatique comme une menace à sa souveraineté.
Ce bras de fer pose une question centrale : qui gouverne réellement le football camerounais ?
Des enjeux qui dépassent le terrain
Crédibilité internationale
Le Cameroun, pays de football, ne peut se permettre une crise institutionnelle à l’approche des compétitions majeures. Une élection contestée affaiblirait sa position auprès des instances internationales.
Stabilité du football local
Les clubs, ligues régionales et acteurs du sport sont pris en otage par ces querelles de gouvernance. L’absence de consensus fragilise les projets de développement et la mobilisation des talents.
Mobilisation citoyenne
Le football est un vecteur d’unité nationale. Sa gestion doit être transparente, inclusive et démocratique. De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une réforme profonde de la gouvernance sportive.
Trois scénarios possibles
1. Report du scrutin : La FECAFOOT accepte la demande du Ministre et engage une révision du processus. Cela permettrait d’apaiser les tensions et de restaurer la confiance.
2. Maintien du calendrier : La FECAFOOT ignore le courrier et organise l’Assemblée. Cela ouvrirait la voie à un affrontement juridique et diplomatique.
3. Intervention de la CAF ou de la FIFA : En cas de blocage, les instances internationales pourraient arbitrer le conflit, avec des conséquences lourdes pour le Cameroun.
Un tournant pour le football camerounais
Ce courrier du Ministre des Sports n’est pas un simple rappel à l’ordre. Il marque une étape décisive dans la recomposition des rapports de force autour du football national. À travers cette crise, c’est toute la question de la gouvernance sportive, de la transparence électorale et de la légitimité institutionnelle qui est posée.
Gontran Eloundou
Analyste politique
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