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Yaoundé : la rareté des produits pétroliers, pourquoi ca se répète ?

Lorsque les choses se gâtent ça veut dire qu’elles se sont compliquées : triste vérité de La Palice qui nous plonge aujourd’hui dans les méandres des pompes à essence de nos stations-services.

Où est donc passé le carburant ? les experts en la matière nous ont informé en mai dernier que l'augmentation de janvier 2023, respectivement de 15 %, 25,2 % et 36,5 % sur les prix du litre de super, de gasoil et de pétrole, n'était qu'une étape d'un processus visant à supprimer la totalité des dépenses allouées aux subventions des hydrocarbures.

Cette mesure a aussi bien été annoncée au Camerounais le 31 décembre 2022, par le président Paul Biya : « Il est de plus en plus évident que notre pays, comme bien d’autres en Afrique et ailleurs, ne pourra pas indéfiniment échapper à un réajustement des prix des produits pétroliers, si nous voulons préserver nos équilibres budgétaires et poursuivre sereinement la mise en œuvre de notre politique de développement ».

Dans son communiqué de juin 2022, le FMI indique dans la 2e revue du programme économique et financier en cours avec le Cameroun, que la subvention des produits pétroliers freine l’investissement public. Pour le FMI, l’augmentation du coût des subventions est donc compensée par la réduction d’autres dépenses, notamment celles consacrées aux projets d’investissement ».

Le Ministre de l’Eau et de l’Énergie a assuré en juillet 2022 que les quantités seront renforcées par des « volumes supplémentaires de 88 000 mètres cube de Gasoil et 35 000 mètres cube de Super ».

Après juillet 2022, il y a eu janvier 2023, juillet 2023, et nous voici en novembre et décembre 2023. Depuis quelques semaines les habitants de Yaoundé et des autres grandes villes du pays font à nouveau face à d’énormes difficultés pour s’approvisionner en carburant et en pétrole lampant. Initialement perceptible par une pénurie de pétrole lampant ; c’est désormais le super qui vient s’ajouter sur la liste des produits pétroliers rares.

Quelques stations-services vous livrent le précieux sésame : les automobilistes camerounais vivent le calvaire. Une (1) station sur cinq (5) vous sert le carburant. Voulez-Vous consommer et peut être faire une petite réserve ? Vous en avez pour au moins 1 heure d’attente ; à ces rares stations, de longues files en attente des précieux liquides, avec des conducteurs de motos et de voitures qui patientent affalés sur leurs sièges.

Un haut responsable de la Scdp entendez Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers évoque, un souci au niveau du moyen de transport du produit. Des sources proches du dossier révèlent que les stocks seraient disponibles dans les réserves de Douala (Littoral) et de Limbe (Sud-Ouest). « Il y a eu en effet, un problème de logistique, qui, depuis a été résorbé en concertation avec le gouvernement et les marketeurs. »

Triste image de cette veille de fête de fin d’année ; un très mauvais présage pour les Yaoundéens ; puisse le gouvernement se pencher définitivement sur la question ?

C’est une situation malheureusement grave. Elle engendre des répercussions importantes sur les activités économiques dans un pays dont le taux d’inflation se situe à 7,8 % (INS, mai 2023). Une inflation soutenue par : une conjoncture internationale peu favorable ; une extension de la taxe spéciale sur les produits pétroliers au gaz naturel (70 FCFA par m3 consommé par les entreprises) ; des tarifs de l’électricité aux entreprises revalorisés de 30 % depuis janvier 2023 ; alors que le super, le gasoil et le pétrole lampant utilisé par les industriels, ont eux aussi, vu leurs prix augmenter de respectivement 15,8 %, 25,2 % et 36,5 % depuis le 1er février 2023. À coup sûr des corrélats aux effets de couperets qui sont :

Une augmentation des coûts des transports due aux charges supplémentaires pour les entreprises, une augmentation des coûts de production des entreprises,

Une augmentation des prix de revient des produits dans les marchés. Et un secteur du transport se trouvant être malheureusement le plus affecté pour le moment.

 

L’attitude des Camerounais

À l’observation : nous sommes tous concernés et il faut savoir prendre son mal en patience, faire preuve d’ingéniosité et surtout s’armer de courage. C’est un Yaoundé aux longues files d’attente devant des stations-services en mode service minimum.

Spéculation et/ou pénurie réelle,

Les rumeurs vont bon train. Des rumeurs sur une éventuelle augmentation des prix : un projet d’augmentation que le gouvernement souhaite faire passer. Cependant, la Société Camerounaise des Dépôts Pétrolier (SCDP), a fait une sortie par son Directeur Général Adjoint (DGA) qui a rassuré le public sur la situation qu’il imputait à un souci de logistique. Un problème qui, selon la SCDP est désormais résolu. Il ne s’agit pas d’une question de spéculation à des fins d'une éventuelle augmentation de prix, mais plutôt d’un léger dysfonctionnement logistique. Il est donc demandé aux Camerounais de faire encore davantage preuve de résilience et de patience.

La "réponse du berger à la bergère" « On va faire comment ? » Dixit un dicton camerounais.

Gontran ELOUNDOU

Analyste politique

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