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Editoriale: La SE.X.TAPE du sous-prefet, Hystérie et complicité collective.

 

J'ai reçu sur mon compte watshap, des vidéos montrant un jeune Sous-préfet camerounais en plein ébats virtuels. Ladite vidéo a été montée, et soutenue par la « chanson Sous-préfet » du Camerounais Guy Manu.

Complicité passive ou active  ?

Je suis allé chercher sur Facebook et j'ai vu que dit Chanson cumulait 107187 « vues », 1874 « j'aime » et 124 commentaires. Le relayeur de ladite vidéo, un certain N'ZUI MANTO [1] s'est donné la licence d'agrémenter le Sextape en son, musique et commentaires. Dans ce montage, on voit la victime du viol [2] , tantôt en tenue d'Adam, tantôt en tenue de commandement [3] . L'affaire fait un BUZZ pas possible. Ce montage, d'une violence redoutable, cache mal une volonté de dénigrement ; un désir effréné de détruire le jeune sous-préfet. M. N'ZUI MANTO, c'est toujours la recherche du BUZZ comme ça ?

Collectif L'hystérie

J'ai envie de dire que ce relais est plus dangereux que ses « complices maître-chanteurs ». En effet, ces vidéos n'ont de l'impact que parce qu'elles sont « partagées ». On subodore d'ailleurs une possible complicité entre ces criminels du monde virtuel car en réalité, les auteurs de ces vidéos ne peuvent les publier eux-mêmes. Ils ont intérêt à rester dans l’ombre. Ces chasseurs de primes sont donc chargés de relayer, sous le faciès des « influenceurs » bien sûr, contre de l'argent [4] . Il s'agit véritablement là de crime en bande organisée.

L'affaire est sur toutes les lèvres. Dans toutes les causeries. « As-tu la vidéo de l'affaire du Sous-préfet ? Pardon envoie moi ça ». Personnellement, je l'ai bien reçu mais me suis abstenu de la « partager ».

 J'ai écouté les commentaires d'éditorialistes très suivis sur les réseaux sociaux, j'ai plutôt l'impression que beaucoup se délectent de la situation que vit l'infortuné jeune homme, Sous-préfet d'un arrondissement du Cameroun.

Cette « affaire me suggère plutôt quelques remarques ».

La première remarque est que je reconnais là la marque déposée de notre société. Nous aimons bien nous nourrissons des malheurs des autres. On entend alors toutes sortes de jugements, pertinents plus souvent de l'éthique, de la morale et des états d'âme : « ce n'est pas possible. Un sous-préfet ! ». « Franchement l'ENAM là… ». « Voilà les gens qui gouvernent ce pays… comment va-t-il se tenir devant sa femme et ses enfants » ? Va-t-on le sanctionner ? il va sûrement perdre son travail. Ils sont peu nombreux à apitoyer sur le genre des victimes.

La nouvelle société [5] exclue-t-elle le respect de la vie privée ? Ce monsieur ne s'est pas exhibé dans la rue. Il se sentait très en sécurité dans son bureau. Des individus l'ont aguiché, séduit et amené vers une nouvelle forme : l'amour virtuel.

La deuxième remarque est qu’on n’a pas entendu des questions de fond, par exemple la condamnation ferme et collective de cet acte criminel. La tentative de chantage et la mise à sac de l’image de ce jeune homme sûrement en début de carrière.

Voilà un compatriote harcelé, traumatisé, attaqué par des criminels des réseaux sociaux ! A quoi assiste-t-on ? Les autres compatriotes, pour toute réaction, partagent, commentent, s’en délectent, accusent, condamnent pointent du doigt son incurie.

Ils sont nombreux, les compatriotes, otages de ces terroristes du monde virtuel ; ils sont nombreux qui souffrent le martyre, se ruinent à cause de ces bandits tapis dans les réseaux sociaux, ces maîtres-chanteurs ignobles, qui profitent de nos faiblesses pour nous escroquer. Ces criminels sont aidés en cela par des lanceurs d’alerte qui écument les réseaux, tels des charognards, à la recherche d’affaires en putréfaction, dont se délectent leurs « FOLLOWERS ».

C’est exactement ce que nous observons sur nos routes. Il y a un grave accident qui se produit, ceux qui accourent ne viennent pas toujours au secours des accidentés ; c’est surtout les images des blessés graves et des corps sans vie jonchant la chaussée qui les intéressent ; on se préoccupe d’ailleurs peu de la sensibilité des destinataires de ces horreurs. C’est la course à qui filmera l’image la plus horrible de l’hécatombe que revient la palme d’or du BUZZ.

 

Les BROUTEURS[6] ou l’art de la séduction virtuelle.

Ces maîtres-chanteurs sont de fins psychologues. Ils sont des adeptes des théories de Sigmund Freud sur l’analyse de la libido. La libido est en effet en quelque sorte notre carburant. Nous couvons, à des degrés divers des frustrations, du fait d’une libido plus ou moins assumée. Beaucoup de personnes, souvent mariées, vivent d’énormes déceptions sur le plan sexuel. Le ou la partenaire peut vous mettre en quarantaine, vous exposant alors à toutes sortes de dangers. Parmi lesquelles, des unions « secrètes » qui peuvent plus tard s’avérer dangereuses, fussent-elles virtuelles. Nous sommes ainsi des proies inconscientes de ces « BROUTEURS » qui foisonnent sur internet.

Les hackers[7]

Nous sommes tous leur potentiels victimes ; pendant que nous nous échinons au travail, ces malfrats réfléchissent comment nous extorquer le fruit de notre travail. Il n’est pas rare qu’ils revêtent votre peau, entrant dans votre watshap ou Facebook et arnaquent vos amis, connaissances et relations. Ces malfaiteurs arrivent à rentrer dans votre Orange ou MTN Money, vous appellent, vous leur donnez vous-même votre code et vous vident votre compte.

Les victimes se comptent quotidiennement par centaines, voire par milliers. La fascination que produit ce nouvel outil qu’est la téléphone, avec lequel nous avons désormais une relation quasi fusionnel, emprunte de confiance est plutôt une addiction, une maladie psychologique.

Un besoin de catharsis

Au fond, quelle est cette société dans laquelle les « affaires de sexe » revêtent toujours un caractère névrotique ? Cela pourrait-il traduire le niveau de maturité de nos peuples ?

Il y a un besoin de nouveaux modules de formation, face à ce nouveau monde. Ces nouveaux instruments pourtant très utiles deviennent très rapidement des armes effroyables entre les mains de ces assassins ;

C’est l’occasion pour nous de relever le manque d’adéquation entre les formations et la réalité. On enseigne effectivement tout à l’école, sauf la vie quotidienne. Quels sont les dangers des réseaux sociaux et du monde virtuel ? Voilà un module que les experts de la cybercriminalité devraient développer.

Un besoin de solidarité

Pendant combien de temps va-t-on encore laisser prospérer ce terrorisme cybernétique ? Combien de temps cela va-t-il encore prendre, que des renégats de la pire espèce, non seulement ruinent financièrement des honnêtes gens, détruisent leur image et parfois les poussent au suicide ?

Il y a urgence à créer de chaines de solidarité pour faire face à ces nouveaux dangers. Ils peuvent vous ruiner, détruire votre image, vous pousser au suicide car dès qu’ils vous tiennent, ils ne vous lâchent plus. Quelques mesures élémentaires sont à prendre dans l’utilisation des réseaux sociaux : ne pas répondre aux inconnus. N’entreprendre aucune conversation, aucun commerce avec des internautes.

Nous devons leur barrer la voie en ne partageant pas les produits de leur sale besogne ;

Je pense quelque part qu’il faille féliciter la bravoure et le courage de jeune Sous-préfet. Cette vidéo a sûrement été rendu public, parce qu’il a refusé de céder au chantage et de payer. Une chose est sûre, il est le cobaye d’une expérience qui profitera sûrement à des générations de personnes, toutes fonctions confondues. Il est d’’ailleurs passé à l’offensive, nous a-t-on renseigné, en portant plainte, ce qui est une bonne nouvelle. Comme disait Charles Pasqua[8] « il faut terroriser les terroristes ».

Une chose est sûre, « ce jeune sous-préfet » est l’un des cobayes[9] d’une expérience qui profitera sûrement à des générations de personnes, toutes fonctions confondues.

A quoi pourrait-on s’attendre ?

La victime a besoin d’assistance. Je pense que ses patrons ont suffisamment d’élévation pour ne pas le démettre, consacrant ainsi une victoire de ces criminels. Il faut plutôt leur faire un pied de nez en laissant ce sous-préfet en place. Leur chantage n’aura plus force.

 

Joseph Marie Eloundou

Consultant Senior

 

[1] Appellation autrefois de l’équipe panthère de Bangangté

[2] Viol de son intimité

[3] Tenue officielle qu’arborent les fonctionnaires de préfectorale au Cameroun.

[4] Le nombre de points (vues, étoiles, like) procurent de substantiels revenus sur les réseaux sociaux.

[5] Cette société commandée par la cybernétique et ses dérivées.

[6] Maîtres chanteurs des réseaux sociaux.

[7] PIRATES de l'univers cybernétique.

[8] Homme politique français. Il fut Ministre de l'Intérieur

 

[9] Un professeur en a été victime il ya quelque temps.

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